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GemmeAlaykjdu

La cité snob au nom imprononçable

vendredi 15 décembre 2006, par Cham von Schrapwitz

Si vous prenez la route du sud en pensant trouver des méridionaux gouailleurs, généreux et hospitaliers, vous vous êtes trompé de pays. Tout au sud de la Terre de Fangh, la vieille cité d’Alaykjdu rassemble autour de son port et de son université la bonne société bourgeoise la plus prétentieuse et puante de la terre.

J’ai reçu hier une nouvelle offre de la part de la bonne société d’Alaykjdu pour venir chasser les actuels dirigeants ogres, qui ont tendance à lever un impôt en nourriture six fois par jour et à manger leurs sujets. Mais ce n’est pas le peu d’or qu’on me propose (à peine 40,000 pièces d’or) qui me fera bouger de la Tour de Blizdand.

La bonne société d’Alaykjdu n’a que ce qu’elle mérite. Qui se soucie de voir ces snobinards prétentieux finir au fond de la panse d’un ogre ? [1]

Fondée par la dynastie des bâtisseurs Menzzoriens, la cité d’Alaykjdu est le plus grand port de la Terre de Fangh. De là partent les grands voiliers vers les horizons lointains. Cité d’université, il s’agit d’un grand centre de savoir non-magique et non religieux. Les érudits, marchands et marins d’Alaykjdu forment une société élitiste, snobinarde et prétentieuse qu’une invasion d’Ogres a récemment déstabilisée au niveau de sa gloriole stupide.

A la base, Alaykjdu n’était qu’une place forte créée par les Menzorriens pour asseoir leur domination sur le sud de la Terre de Fangh et faire lever l’impôt par leurs Septeurs. On dit que l’erreur fatale fut d’avoir fondé la forteresse sur les ruines d’un ancien temple de Slanoush. Ce ne fut que plusieurs siècles plus tard, lorsque le raffinement de la cité fut "suffisant", que la perversion du Chaos se manifesta dans la bourgeoisie bien pensante (avec du beurre).

Ça commence mal

Arminianus IV le bègue, premier Voïvode d’Alaykjdu, fut à l’origine de ce nom stupide et imprononçable. Il semble que la question fut tranchée lors d’une partie de Scrabble avec un chef barbare Drombard dont l’histoire n’a pas retenu le nom. Le barbare posa un « Alaykjdu » à mot compte triple, et sa massue dans la face du Voïvode, qui accepta de bonne grâce le mot et un nouvel appareil dentaire. Pour ne pas perdre le profil vis-à-vis de ses hommes (il avait déjà perdu la face), il donna à la cité le nom d’Alaykjdu, ce qui fit le cauchemar des rédacteurs d’encyclopédie dont je fais partie, jusqu’à l’invention du sort de « copier-coller ».

Les Voïvodes d’Alaykjdu devinrent très rapidement puissants et autonomes, une fois que la famille Vontorz eut mis la main sur le fief, le titre de Tyran de la Plèbe, l’administration des Pères Septeurs, et la ville après une autre partie de Scrabble [2]. Le descendant d’Arminianus eut la tête tranchée d’un coup d’épée par Vontorz Ie le Fourbe alors que la boite n’était même pas encore ouverte. De cette époque date la coutume snobinarde de décider du destin de la ville au Scrabble.

L’installation de nombreux Elfes dans cette cité neuve fit rapidement sa prospérité. Pour concurrencer Glargh, les tyrans de Vontorz firent des facilités aux marchands et armateurs qui souhaitaient venir vivre à Alaykjdu. Il apparaît clair aujourd’hui que, dès son installation, la dynastie de Vontorz n’avait qu’une envie : prendre le pouvoir dans toute la Terre de Fangh, et supplanter les Menzzoriens. Ce fut fait par Vontorz le Beauf, lors d’un barbecue trop arrosé (voir l’article sur Glargh pour l’histoire de la merguez maudite).

Vontorz Ie Beauf vénérait il Slanoush ? C’est possible. On dit qu’il était prêt à tout pour être Roi de la Terre de Fangh, et qu’il y pensait tous les matins en tondant sa barbe...

À cette époque, la construction navale était aux mains des Elfes, qui seuls maîtrisaient l’art de construire des navires qui ne coulaient pas sitôt lancés. Sans parler de l’art de naviguer loin. On était encore au Premier Age, et les sciences et les techniques humaines en matière de navigation se résumaient encore souvent à la brasse coulée et à la pirogue creusée dans un tronc de prunier ou d’érable bleu.

Kjeukien III, le fameux chef barbare unificateur du début du deuxième age, prit la ville un crômerin, sans s’y arrêter. Il ne devait pas avoir plus de mille habitants à l’époque, et une bonne partie des Elfes était dans le Nord, ou avait péri pendant la guerre contre le Chaos. Il eut l’impression de traverser une ville morte, et s’en alla piller ailleurs.

Commerce maritime et fariboles alimentaires

Les mille ans qui suivirent marquèrent le grand essor d’Alaykjdu. Comme les Moriacs n’avaient jamais très formellement pris possession de la cité, les rapports avec la monarchie Moriaque itinérante demeurèrent distants. Formellement, le Tyran de la Plèbe d’Alaykjdu continua d’être acclamé par le peuple de la cité, tandis que le titre de Voïvode fut confié à un envoyé des Moriacs. Rapidement la corruption et les entourloupes eurent raison des rudes barbares qui, ici comme ailleurs, s’amollirent inexorablement comme une banane près d’une cheminée.

Les quelques Elfes survivants de la Grande Guerre durent s’associer aux Humains pour l’armement naval, et le grand commerce maritime commença vraiment à se développer. D’abord ce fut du cabotage jusqu’à Glargh et Waldorg, puis des voyages plus longs. Les Humains découvrirent avec satisfaction que les voyages en mer sont bien plus rapides et moins dangereux que sur terre. Certes il y a les Krakens panés, les sirènes borgnes, les pieuvres géantes [3], les terreurs innommables des profondeurs, les requins blancs et les pirates mauves, mais la mer est assez vaste pour échapper à tout ça sans trop de problèmes quand on navigue sur un voilier de conception elfique.

À coté de ce commerce, la pêche en haute mer se développa, et les cuisiniers elfiques inventèrent de nombreuses recettes associant les produits de la mer, les marchandises exotiques ramenées par le commerce et les produits rustiques de la Terre de Fangh. Citons par exemple le Crevetola (TM), le calamar farci aux groseilles, et la confiture de maquereau au beurre de karité. Les orgies d’Alaykjdu sont célèbres, et ce n’est pas pour rien.

Vers l’an 500 fut fondée l’Université Libre d’Alaykjdu. Un groupe d’intellectuels recalés à toutes les écoles de magie et à tous les séminaires cléricaux établit ici une université non magique et non religieuse, pour la diffusion des libres savoirs humains. Au début, cela fit rigoler tout le monde, mais rapidement l’utilité de leurs enseignements fut démontrée. L’observatoire astronomique fut très utile pour la navigation, et l’institut de zoologie permit de former des générations d’aventuriers à la lutte contre les monstres les plus minables et les plus variés.

Notons aussi le Grand Temple des Nombreux Dieux, qui présente l’avantage d’offrir un lieu de vénération à toutes les religions présentes en ville, afin de limiter la spéculation foncière religieuse et les guerres de religion à propos de celui qui aura la plus grosse (église). Même si depuis d’autres temples plus petits se sont montés, le Grand Temple reste un édifice capital de la Cité.

Snob ?

Lorsque la dynastie de Vontorz s’effondra de sommeil et de décadence [4], les habitants d’Alaykjdu ressentirent un immense soulagement : plus besoin de prêter un hommage, aussi lointain fut-il, aux descendants d’un roi barbare mal dégrossi et à l’hygiène bucco-plantaire douteuse [5]. Sans s’en apercevoir, les habitants - les Jdukyalains - avaient en fait inventé le snobisme. Il se décline d’ailleurs en plusieurs formes. Le snobisme estudiantin des sociétés étudiantes de beuverie et orgie, le snobisme bourgeois de leurs parents marchands, le snobisme maritime des armateurs blindés d’oseille, le snobisme avec intérêts des banquiers et assureurs, le snobisme corporatiste des maîtres artisans, etc...Dans cette ville, le snobisme est un art de vivre, et le mépris d’autrui une fin en soi. "Snob’" est d’ailleurs un mot dérivé du Moriac, et qui signifie quelque chose comme "lâche et constipé" ou « habitant d’Alaykjdu ».

Conscients de leur supériorité intellectuelle et commerçante, des choses qui se font et ne se font pas, les Jdukyalains se bourrèrent les poches pendant ses siècles avec le commerce d’esclaves, de produits exotiques, les droits d’inscription à leur université et les royalties de la recette du calamar aux groseilles.

Un port, des porcs

La cité était devenue ce qu’elle est : un grand centre urbain aux belles avenues bordées de boulornes tricentenaires. La haute tour de l’observatoire royal domine encore le paysage, de son dôme vert, de cuivre oxydé. L’autre grand monument de la ville est la tour du phare, autour de laquelle est groupé le quartier du port. Des constructions plus petites mais tout aussi belles ponctuent la cité : l’université, le palais des Voïvodes, la grande bibliothèque (dont la plupart des livres ont été réquisitionnés par les Ogres pour servir de papier d’aisance), le grand vomitorium municipal [6], le marché aux épices (pour manger épicé), l’Hôtel des Guildes, l’Institut de Zoologie et l’Université Libre (proche du vomitorium municipal). Derrière les beaux édifices de marbre blanc, les pompeuses citations gravées à leur fronton et les marches hautes des temples du savoir se cache pourtant la sordide perversion lafounesque d’une ville dévouée aux plaisirs orgiaques et snobs.

L’histoire des siècles suivants n’à que peu d’intérêt. Les jours se succédèrent, et les années, et toujours dans le plus parfait snobisme bourgeois, associé à cette détestable perversion des moeurs privées qui en est le corollaire. On dit qu’il y a d’avantage d’adeptes de Lafoune et Slanoush à Alaykjdu que dans toute la Terre de Fangh. Il suffit pour s’en convaincre de regarder les édifiantes statistiques de vente de lubrifiant pour moquette, de fouets en cuir et de gants de vaisselle.

Châtiments...

Le plus amusant s’est déroulé sans conteste il y a deux ans : une bande d’ogres migrateurs a brillamment vaincu les forces qui défendaient la cité, en mangeant la plupart des miliciens (de l’avis unanime de la troupe d’ogres, le plus dur à digérer dans le milicien, c’est la hallebarde). Arrivés en triomphateurs devant le Grand Hôtel des Guildes, ils furent soumis à la terrible épreuve du Scrabble pour voir si leur domination était juste et bonne. Le Maître de Guilde ayant fini dans l’estomac d’un guerrier ogre pressé, on ne saura jamais si « Zwyxal » était un mot recevable, et d’ailleurs qui s’en soucie ?

Depuis, les ogres, menés par un chef du nom de Blograf « Petit Creux », se sont installés dans l’Hôtel des Guildes. La plupart des habitants pensent que c’est pour mieux asseoir leur domination, mais en fait il s’agit du seul bâtiment de la Cité dont le plafond soit à plus de deux mètres trente, ce qui leur évite de se cogner le front en permanence.

La perturbation induite par ces outremangeurs dans une société qui a l’habitude de lever le petit doigt pour boire une tasse de thé en fait rire plus d’un, et je ne suis pas le dernier. Finalement la seule chose qui soit vraiment dommageable à la présence des ogres est le fait qu’ils ont mangé tous les spécimens de l’institut de zoologie de la ville, alors même qu’il s’agissait d’une institution éminemment utile pour les aventuriers débutants. Tant pis, ils ne sauront plus faire la différence entre un Cerberius Caproniosis Simplex inoffensif, et un Cerberius Capriniosis Fulgur qui a toutes les chances de leur être fatal...

Cham von Schrapwitz, Capitaine Flammes


[1en plus, le syndicat général des Ogres Mercenaires Omnivores (OMO ya pas mieux pour tout nettoyer) a un accord permanent avec la Ligue des Maîtres Sorciers et Confiseurs

[2à ce sujet, consultez l’article sur les Menzzoriens

[3Fhtag’n !

[4tiens ? encore un Zeugma ?

[5je crois vous avoir déjà dit que les barbares Moriacs n’ont qu’une brosse pour les cheveux, les chaussures et les dents, et ce par tribu

[6utile pour les jours d’orgie